• L’Arcadie, centre culturel municipal de Ploudalmézeau, offre du 31 mars au 31 mai 2016 une mise en scène d’œuvres de Loïc Madec, intitulée : Un si moderne taolennou (du Breton taolenn : un tableau ; pluriel : taolennou), l’artiste s’inspirant des célèbres tableaux de mission créés en Bretagne au 16ème siècle, dans la cadre de la réforme de l’église catholique (dite aussi contre-réforme), destinée à reprendre en main les fidèles tentés par le protestantisme.

     Il s’agit donc d’une reconquête spirituelle qui s’appuie sur une culture de l’image plus accessible pour des fidèles souvent analphabètes. De la même époque date l’essor de nombreux vitraux, retables, images pieuses, statues et calvaires en tous genres. Ces taolennou, dans le cadre de l’évangélisation et de l’enseignement de la religion, représentaient souvent les 7 péchés capitaux.

     Le premier à utiliser ces images fut un jésuite de Vannes, Vincent Huby : 4 représentaient les fins dernières : mort du pécheur/enfer ; mort du juste/paradis ; et 8 représentaient des cœurs allégoriques.

     Un célèbre créateur de taolennou fut Michel le Nobletz né en 1577 à Plouguerneau ; ses taolennou, proches de la B.D., représentent souvent des « cartes » avec des chemins à suivre vers le paradis ou l’enfer… comme le feront les célèbres Cartes du Tendre de Madeleine de Scudéry, décrivant les différentes étapes de la vie amoureuse selon les Précieuses. Un des derniers inventeurs de taolennou fut Xavier de Langlais (dans la période de 1936 à 1945). Réalisés sur parchemin, sur peau de mouton, sur bois, les taolennou, réalistes et naïfs, sont de précieux documents sur les sociétés locales.

    Entrons donc dans l’exposition. Mais par où d’ailleurs ? Il y a deux entrées dans la rue de l’Arcadie. Quelle que soit l’entrée que nous empruntons, la taille des « bannières » nous interpelle. Les tableaux se présentent en effet comme des bannières de procession, montées sur hampes, un peu trop haut à notre avis, nous obligeant à lever la tête dans une posture inconfortable –est-ce l’antichambre du paradis, le purgatoire par lequel il faut passer, l’obligation de la souffrance avant la rédemption future ?

    Les bannières ne sont pas dans l’ordre d’une procession, mais disposées en trois groupes : deux groupes de trois forment un triangle fermé, un groupe de deux forme un triangle ouvert : rappel de la Trinité ? Cette disposition correspond à la volonté de l’artiste et du directeur de l’Arcadie.

    L’ensemble nous apparaît très divers et très riche en formes, couleurs, symboles. Il faut une attention soutenue pour découvrir dans ces images complexes des détails souvent surprenants.

     L’artiste entrelace :

     - les règnes :

     - minéral : ardoises de toitures

     - végétal : fleurs nombreuses, algues

     - animal : animaux sauvages et animaux domestiques : lion, rhinocéros, singe (un capucin) cheval, cochon (dont un bleu), grenouille, poissons (le symbole du Christ), faisan, sanglier aux pattes attachées (clin d’œil à Obélix ?), les serpents (la Tentation et le mal)…

     - Quant aux humains, on les trouve un peu dispersés au milieu de tout ça : jeunes ou vieux, paysans ou militaires, riches ou pauvres…

     - les saisons : le printemps représenté par les poussins…

     - les époques : Préhistoire (chevaux de Lascaux), Moyen Âge (châteaux, gargouilles…), époque moderne (Napoléon III qui est venu à Brest)

     - les pays : la France, la Grèce avec son alphabet, l’Inde…

     - les cultures, particulièrement la culture bretonne reconnaissable à la bigoudène, aux couleurs et motifs qui rappellent la faïence Henriot ; le cheval sans tête qui rappelle le roi Marc de Cornouailles et la légende de Tristan et Iseut, la « faute » aussi, le péché de luxure, un des 7 péchés capitaux

     - les styles : figuratif et abstrait

     - les symboles : alphabet grec, signes du zodiaque, croix, poisson

     - les appartenances sociales : paysans avec charrette, remorque de foin…, militaires, monde industriel, monde de la culture avec une loge de théâtre

     - le profane et le sacré : la vie quotidienne, le monde de la religion avec les croix, la vache sacrée.

    Ces mélanges et ces entrelacs nous rappellent les faïences bretonnes, les images d’Epinal, voire la surcharge des taolennou avec leurs chemins ; mais aussi le labyrinthe où l’on se perd plus souvent qu’on ne se retrouve, et qui ressemble plus aux méandres de l’Enfer gréco-romain qu’au chemin tapissé de roses qui conduirait au Paradis. Le dernier taolenn, le plus abstrait, celui qui a servi d’affiche, le seul à être présenté incliné comme une vraie bannière, se présentant comme ces jeux de géométrie où l’on doit suivre un fil d’Ariane pour arriver au centre, au but, au trésor…

     Un taolenn est à part, un tableau horizontal et encadré celui-là, à l’écart des autres. Très sombre, très chargé, d’aspect chaotique, il évoque la société de consommation, voire  l’apocalypse ; en tout cas le monde industriel et technologique écrasant de Fernand Léger ou des Temps Modernes de Chaplin. Il contraste avec la simplicité de la bannière plus « vide » que les autres, celle où l’on peut reconnaître peut-être la verticalité de deux humains, les premiers : Adam et Eve ?

    On peut distinguer aussi une distribution selon les couleurs plus ou moins en relation avec les éléments : rouge/feu – le taolenn abstrait, vert bleu/eau (algues, poissons..), bleu/air (oiseaux, papillon et libellule), jaune marron/terre (biche, cerfs, animaux des bois).

    Les anciens taolennou représentaient des sortes de cartes, un chemin conduisant de la terre au paradis ou à l’enfer selon la vie que l’on avait menée. Ils étaient destinés à l’éducation des foules. Reconnaît-on dans les taolennou de Loïc Madec une telle intention ?

    Par le nombre de références à la culture bretonne : bigoudène, costumes, couleurs, cheval, importance de la religion, Loïc Madec s’inscrit bien dans une tradition. Le titre même de l’installation le signifie.

    Certains peuvent être un peu désarçonnés par cette exposition, ne reconnaissant pas grand-chose de la fonction des taolennou, visant à informer les foules ignares de ce qui les attendait si elles enfreignaient les dogmes. Donc ça ne fonctionne pas a priori. Sauf si l’on se met à décortiquer les images et les détails comme nous avons tenté de le faire.

    Images apaisantes selon les unes, embrouillées selon les autres… en tout cas il y a plusieurs jeux de pistes à faire ou à suivre. N’est-ce pas le but recherché par l’artiste ?

    Au sortir de cette installation originale et étonnante, s’est-on perdu en Enfer, a-t-on gagné son Paradis ? On est plus probablement demeuré dans les Limbes, ce « pays » incertain entre nature et humanité, nature et culture, tradition et modernité, mort et vie, où chacun cherche sa voie…

     

    Muriel.

     

     

     

     


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  • L'hypolaïs polyglotte est un petit passereau faisant partie de la famille des fauvettes et des pouillots. Elle se nourrit essentiellement d'insectes et de baies. Elle est présente sur une bonne partie de la France, d'avril à octobre. Son chant est très varié, s'inspirant des oiseaux qui l'entourent, d'où son nom de polyglotte.


    Je l'ai découverte sur le parking du Centre Nature de la Réserve de Séné, que je visite régulièrement. Je l'ai d'abord pris pour un pouillot, mais le jaune de son plumage (ventre) et sa tête un peu hirsute m'ont intrigué. Elle poussait de petits cris grésillants, un peu comme ceux des moineaux mais en beaucoup moins "musicaux". Arrivé chez moi, vite vite je sors les livres d'identification, et il me semble que ça peut bien être une hypolaïs. En consultant le site Faune Bretagne où n'importe qui peut numériser ses observations d'oiseaux, je constate que trois personnes ont vu une hypolaïs polyglotte le même jour et exactement au même endroit que moi ! Ni une, ni deux, je les contacte, leur envoie une photo de mon oiseau, et ils me confirment qu'il s'agit bien de l'hypolaïs polyglotte !

    Elle me permet de comptabiliser 190 espèces d'oiseaux photographiées, sur les 357 que répertorie le nouvel Atlas des Oiseaux Nicheurs de France Métropolitaine, sorti en octobre 2015.

     

    Hypolaïs polyglotte

    Hypolaïs polyglotte

    Hypolaïs polyglotte


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  • Un des derniers romans que j'ai lus. Et je le recommande. Un couple qui vit sur une minuscule île australienne. Lui est le gardien du phare. Ils s'aiment . Cette vie de solitude à deux et de devoir leur plaît. Mais elle ne peut avoir d'enfant. Alors, le jour où une barque s'échoue avec à l'intérieur un homme mort et un bébé bien vivant, ils vont transgresser toutes les règles, toutes les lois, et décider de garder l'enfant...Et leur existence bascule.

    Remarquablement écrit, dense et fort, des personnages originaux, et surtout la voix unique de l'homme, droit dans ses bottes, digne jusqu'au bout dans les pires situations...dans un paysage sauvage et inflexible, à leur mesure, à moins que ce ne soit l'inverse...

    Et l'on attend le dénouement qui ménage malgré tout l'espérance.


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  • L'atelier d'écriture commence par une mise en forme, un exercice qui sert à remuer les méninges avant de se lancer dans une rédaction plus conséquente.

    Par exemple écrire un texte en retirant une lettre (pas de e, pas de i); partir d'un mot et agrandir la phrase jusqu'à l'infini; lire un texte dont on a déchiré la moitié et il faut reconstituer l'autre partie, faire un abécédaire à toute vitesse sur un thème donné (nourriture, fleurs, choses qu'on aime etc...)

     

    Cette fois-là les participantes ont décidé de faire l'inventaire de leur sac et voici ce que ça a donné:

     

    Je prends rarement mon sac à main car je préfère le cabas. Ouais! Le cabas des grands-mères car je peux mettre plein de bazars.

    Mais le sujet est l'inventaire de mon sac à main.

    Mon sac à main est de taille moyenne en cuir naturel à l'intérieur. J'ai toujours des mouchoirs, des granules homéo, un miroir, un canif pour le casse-croûte, quelques petits sous en vrac, un bouquin (en ce moments les droits de l'homme) -ça c'est pour les files d'attente-, un carnet pour noter mes idées, des crayons de papier,, j'adore les crayons de papier, un stylo pour signer les chèques, un mètre de bricolage, peut-être mes lunettes de rechange, le double des clefs de mon auto et une petite panoplie de tournevis.

     

    Un autre inventaire du sac à main:

    Ouh la la ! Ouh la la!

    Il a toujours été anormalement lourd.

    Il a toujours été anormalement grand.

    "Mais qu'est-ce que tu peux bien avoir là-dedans?" Si ce n'est pas: "A-t-on idée de trimballer des charges aussi lourdes, quitte à se démettre l'épaule à tout jamais?"

    Bon...il va falloir que je m'explique...

    D'abord le sac en lui-même: je ne les aime que grands car il faut que son contenu me rassure. Il faut que ce contenu réponde à tous les aléas de ma vie.

    De l'aspirine à l'arnica, de l'arnica au nux vomica, du nux vomica à l'antimonium crudum...ça c'est pour l'aspect "thérapie", et croyez-moi, il y a beaucoup de sceptiques qui ont été bien contents de trouver mon bric-à-brac pharmaceutique.

    En second lieu des crayons, des feuilles de papier, car on ne sait jamais n'est-ce pas: l'inspiration qui arrive, la chose à noter absolument, l'instant qui passe à immortaliser.

    Ensuite, l'indispensable, l'incontournable: mon agenda, mémo de téléphone que j'ai depuis 20 ans et qui comporte encore (je n'ose les supprimer) les coordonnées de tous les amis, les êtres chers aujourd'hui disparus.

    Enfin, les inévitables papiers officiels, les cartes bleues, vertes, rouges, de toutes espèces, de la bancaire à la commerciale, de la commerciale à la publicitaire etc...

    Le challenge final pourrait être le suivant: pour gagner le gros lot, il vous faudra trouver le poids le plus approchant possible de mon sac, ou plutôt de ma musette d'artisane!

     

    Et le votre de sac à main, il pèse combien?

     


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  • Nous ouvrons ici une nouvelle rubrique : l'écologie.
    Nous livrerons régulièrement les astuces du quotidien permettant de faire un geste pour la planète, et souvent, un geste pour notre santé et/ou pour notre porte-monnaie.

    Aujourd'hui je vais vous parler des tup tup. C'est comme ça que les "tupperwares" en verre (seul le couvercle est en plastique, nous y reviendrons) sont nommés par certains (voir en fin d'article des précisions sur les "vrais" tupperwares). Je m'y suis mis tout récemment, après la lecture notamment de "Famille presque zéro déchet", une mine d'or. Certaines de mes boîtes en plastique (type tupperware sans être de la marque historique) étaient bien rayées à l'intérieur, et tachées. Je les ai donc jetées à la poubelle (aïe, malheureusement pas d'autre solution pour le moment...) et j'ai acheté deux tup tup.
    L’intérêt par rapport aux boîtes classiques, tout en plastique ? En plus de permettre exactement les mêmes usages (y compris aller au congélateur), il a des avantages non négligeables.

    Premièrement, le verre est recyclable (ne pas acheter ceux contenant du Pyrex, non recyclable). Donc, lorsque votre tup tup est hors d'usage (abîmé par exemple), vous pouvez le glisser dans les bornes à verre, avec les habituelles bouteilles et pots de confiture. Le plastique des boîtes habituelles, lui, n'est pas recyclable, ou en tout cas ne l'est pas dans la plupart des communes de France. Et si vous en prenez soin, il durera sans doute plus longtemps que ses cousins en plastique.

    Deuxièmement, le verre ne garde pas d'odeur, ne se teinte pas en contact des épices... une fois correctement lavé, il est comme neuf !

    Troisièmement, le verre ne transmet aucune molécule aux aliments, contrairement au plastique, qui réagit notamment à l'acidité et à la chaleur, et qui peut donc contaminer les aliments.

    Quatrièmement, il est vraiment transparent, donc pas de besoin de l'ouvrir pour savoir ce qu'il contient !

    Seul inconvénient à ma connaissance : il est bien sûr plus lourd que l'équivalent plastique. Mais les arguments précédents devraient largement vous convaincre...

    Parlons du couvercle, qui, lui, reste en plastique (en tout cas dans ceux que j'ai trouvés pour l'instant, et il me semble que le verre ne peut pas assurer l'étanchéité). Lors de l'achat, il faut faire attention à la mention "sans BPA", qui garantit justement l'absence de cette matière qui peut contaminer les aliments. Comme je l'ai déjà dit, il n'est pas ou difficilement recyclable, mais ça ne représente qu'une partie minoritaire du tup tup, contrairement aux boîtes classiques 100% plastique.

    Enfin pour terminer, certains adeptes du "zéro dechet" utilisent leurs tup tup pour faire leurs courses : ils demandent par exemple à faire mettre le fromage à la coupe directement dans le tup tup, pour éviter tout emballage inutile. Très bonne idée, il faut cependant que les commerçants acceptent, ce qui n'est pas toujours gagné, certains avançant l'argument "hygiène", d'autres "la caissière fera la grimace"... Mais toujours est-il que c'est possible, il suffit au commerçant de "tarer" le tup tup, et le tour est joué ! Comme vous le verrez sur la photo, le commerçant compréhensif peut même "tarer" plusieurs fois le tup tup, pour ainsi y disposer plusieurs articles différents !

     

    Objectif zéro déchet : les tup tup

     

    Pour finir, petit commentaire concernant les tupperwares, les vrais, de la célèbre marque. Une personne sur ce blog m'a précisé qu'ils sont recyclables, on peut les remettre à une conseillère. Déjà, il faut être en lien avec une conseillère. Ensuite, ce type de plastique est techniquement difficile à recycler et il serait intéressant de connaître le pourcentage de matière perdue pour fabriquer un tupperware recyclé, si c'est vraiment possible. Le verre restera dans tous les cas bien plus écologique que tout type de plastique, depuis sa production jusqu'à son recyclable (qui est infini dans les conditions optimales).


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